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Confiance en soi ou être rock’n’roll

  • Photo du rédacteur: MAO.
    MAO.
  • 26 févr.
  • 4 min de lecture

On nous vend la confiance en soi comme une évidence. Comme une qualité qu’on possède ou pas. Un état figé, une assurance bétonnée que certains auraient dès la naissance et que d’autres passeraient leur vie à chercher. On nous dit que c’est ça qui fait la différence, que c’est le moteur de la réussite, que c’est ce qui sépare ceux qui montent sur scène de ceux qui restent dans la fosse.

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La confiance en soi n’est pas un cadeau. Elle n’est pas innée, elle est une conquête. Elle ne se décrète pas, elle ne se possède jamais totalement. Elle est un putain de combat. Une lutte incessante contre le doute, contre la peur, contre le confort rassurant du silence et de l’immobilisme. Elle est une bataille que chacun mène avec lui-même.



Confiance en soi ou être rock’n’roll

Le problème aujourd’hui, c’est qu’on a domestiqué l’audace. On a aseptisé l’erreur. On a construit une société où l’échec est devenu une faute, où l’imperfection est pointée du doigt, où le moindre faux pas est disséqué, moqué, jugé. Résultat ? On hésite avant de parler. On calcule avant d’agir. On attend d’être prêts.

Mais personne ne l’est jamais.

Kurt Cobain l’a résumé d’une phrase dans "Come as you are" :"Take your time, hurry up, the choice is yours, don’t be late."(Prends ton temps, dépêche-toi, le choix t’appartient, ne sois pas en retard.)

La confiance, c’est comprendre que l’attente est un piège. Plus tu cogites, plus tu te freines. Plus tu veux être sûr, plus tu repousses l’instant où tu vas vraiment te lancer. Mais il n’y a pas de bon moment. Il n’y a que maintenant.

Sartre l’avait compris bien avant le grunge : "L’homme n’est rien d’autre que ce qu’il se fait."

Alors, qu’est-ce qu’on attend ?


Le poison : le regard des autres

On ne vit plus pour faire, on vit pour être validé. On ne joue plus pour se libérer, on joue pour être aimé. La confiance ne s’épanouit plus dans l’action, elle se cherche dans le regard des autres. Mais plus on cherche l’approbation, plus on en devient esclave. On ne décide plus rien, on s’adapte, on se conforme, on se censure.

Bowie l’avait anticipé avec "Changes" :"Time may change me, but I can’t trace time."(Le temps peut me changer, mais je ne peux pas suivre le temps.)

L’erreur, c’est de croire que la confiance est un état permanent, une base solide sur laquelle on pourrait tout construire. C’est faux. La confiance est une danse, une oscillation, un déséquilibre constant entre ce que l’on sait et ce que l’on ignore. Si tu refuses de bouger, tu finis par t’éteindre.

Montaigne disait : "La plus grande chose du monde, c’est de savoir être à soi."

Mais comment être à soi quand on est obsédé par l’image qu’on renvoie ?



Slash n’a pas réfléchi mille ans avant de balancer le riff de "Sweet Child O’ Mine". Il l’a joué. Point barre."She’s got a smile that it seems to me, reminds me of childhood memories."(Elle a un sourire qui me rappelle mes souvenirs d’enfance.)

Le gosse que tu étais n’avait pas peur d’échouer. Il tombait et se relevait. Il essayait sans se demander si c’était parfait. Puis il a grandi. Il a appris qu’il fallait bien faire, qu’il fallait plaire, qu’il fallait réussir du premier coup.

Résultat ? On ne prend plus de risques. On commente au lieu d’agir. On critique au lieu de créer. On reste sur le bord de la route à juger ceux qui osent, persuadés que nous, on aurait fait mieux.

Nietzsche avait tout pigé : "Deviens ce que tu es." Mais comment le devenir si on passe son temps à se demander ce qu’on attend de nous ?



Essaie encore. Échoue encore. Échoue mieux.


Se construire

Muse l’a hurlé dans "Uprising" :"They will not force us, they will stop degrading us, they will not control us, we will be victorious."(Ils ne nous forceront pas, ils arrêteront de nous rabaisser, ils ne nous contrôleront pas, nous serons victorieux.)

Mais pour être victorieux, encore faut-il se lever. Encore faut-il arrêter d’attendre d’être prêt, arrêter de chercher des excuses, arrêter d’espérer que la peur disparaisse. Elle ne disparaîtra jamais. Il faut avancer avec elle.

Beckett l’avait compris : "Déjà essayé. Déjà échoué. Peu importe. Essaie encore. Échoue encore. Échoue mieux."

La confiance en soi ne se trouve pas. Elle se forge. Elle est une accumulation de ratés, de chutes, de doutes qu’on n’a pas laissés gagner. Elle est un chaos, une explosion, une audace.



Alors ?

Non, la confiance en soi n’est pas un mythe. Mais elle n’est pas un acquis non plus.

Elle est un bras d’honneur au doute, une insulte à la peur de l’échec, un putain de cri primal qui dit : "J’y vais, quoi qu’il en coûte."

Elle est ce moment où tu arrêtes d’attendre d’être prêt. Ce moment où tu comprends que personne ne viendra te dire que tu peux y aller.

Elle est ce riff imparfait balancé sans réfléchir. Ce solo hurlé sans filet. Ce saut dans le vide.

Et au fond, c’est peut-être ça, le vrai rock’n’roll.



Comme le dit Philippe Manœuvre :"Dans un pays où on entretient le culte de la lose, il est difficile d’incarner le rock quand on est le gagnant."





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