Le bonheur ? Tu parles d’un trip !
- MAO.

- 25 févr.
- 5 min de lecture
Le bonheur. Ça sonne comme une promesse de pub des années 80, un truc qu’on te vend en Technicolor avec un sourire Colgate et une musique euphorique en fond. C’est propre, c’est lisse, c’est bien cadré. Sauf que dans la vraie vie, ça ne se passe pas comme ça. Dans la vraie vie, le bonheur, c’est du rock’n’roll. C’est un riff de Keith Richards, un solo de Jimi Hendrix, un hurlement de Janis Joplin. Un truc sauvage, insaisissable, qui te traverse la tronche comme un flash lumineux avant de disparaître aussi vite qu’il est venu.
On voudrait nous faire croire que c’est un état permanent, un Graal à atteindre, une ligne d’arrivée où, une fois posés, on pourrait se la couler douce en regardant le coucher de soleil. Mais c’est du flan. Le bonheur, ce n’est pas une destination, c’est un mouvement. C’est une montée d’adrénaline quand tu mets le volume à fond sur ton morceau préféré, un éclat de rire à en pleurer avec un pote, une nuit où tu danses sans penser au lendemain.
C’est ça, le deal. Tu le choppes par instants, entre deux vagues de doutes, entre deux rasades d’ennui. Un éclair dans la nuit. Un court-circuit qui te fait vibrer de la tête aux pieds. Le bonheur, c’est quand tu fais exactement ce que t’as envie de faire, sans te poser la question du pourquoi ni du comment.
Et pourtant, l’époque nous vend une version édulcorée du truc. On nous bassine avec la pleine conscience, les applis de méditation, les coachs en développement personnel qui t’expliquent comment « maximiser ton bien-être intérieur ». Mais sérieux, depuis quand on a besoin d’un manuel pour être heureux ? Depuis quand il faut un mode d’emploi pour kiffer ?
Non, le bonheur, ce n’est pas une discipline, ce n’est pas une ligne droite. C’est un zigzag infernal. C’est l’imprévu, le coup de folie, l’instant où tu lâches prise et où tu te retrouves, sans prévenir, exactement là où tu dois être.
Tu veux savoir ce que c’est, le bonheur ? C’est peut-être ce concert où t’es resté collé aux amplis, ce road trip où t’as dormi à la belle étoile, cette bière qui avait exactement le goût qu’il fallait après une journée de merde. C’est rien et c’est tout à la fois. Un morceau qui te fout les poils, un baiser qui te retourne, une nuit qui ne devait jamais finir.
Le bonheur ? Tu parles d’un trip ! aujourd’hui, il paraît que ça s’achète en scrollant. Un doigt qui glisse sur un écran, une avalanche d’images léchées, de sourires photoshopés, de couchers de soleil calibrés pour exploser en likes. On t’assène que c’est là, que c’est ça, que c’est la vie qu’il faut avoir. Sauf que non. C’est du flan. Du plastique. De la poudre aux yeux.
Instagram, TikTok, Facebook, LinkedIn (oui, même là, bordel)… Tout le monde joue son rôle, dans une pièce qui pue la mise en scène. Des influenceurs qui te vendent un mode de vie qu’ils ne vivent même pas, des entrepreneurs en carton qui t’expliquent comment devenir riche pendant qu’ils galèrent à payer leur loyer, des mannequins de pacotille qui te balancent des routines matin de trois heures pour être « aligné avec ton moi intérieur ». Mais les gars… Arrêtez. Sérieusement.
La vraie vie, ce n’est pas du contenu. Ça ne se capture pas avec un iPhone dernier cri, ça ne s’édite pas avec un filtre. Le vrai bonheur, il n’est pas dans le storytelling de ta vie, il est dans ce que tu ressens, pas dans ce que tu postes. Il est dans les moments où t’oublies de prendre ton téléphone, parce que t’es trop occupé à vivre.
Mais non, faut être visible, faut optimiser son image, faut poster du « lifestyle ». Et pendant ce temps, on ne vit plus. On passe plus de temps à mater la vie des autres qu’à s’occuper de la nôtre. À comparer, à jalouser, à se dire qu’on rate un truc. Pourtant, si tu lèves la tête deux minutes, tu vois quoi ? Un monde réel, un peu bordélique, mais diablement vivant.
Parce que c’est ça aussi, le problème. On nous a fourré dans le crâne que le bonheur, c’est un objectif. Un idéal à atteindre. Une maison avec une piscine, un boulot qui claque, des enfants parfaits qui disent merci et mangent des légumes sans râler. Un mirage.
Et tout le monde court après ce truc, comme si le bonheur se méritait. Comme si c’était une récompense pour bons et loyaux services. Mais le bonheur, ce n’est pas un diplôme, ce n’est pas un aboutissement. C’est une sensation, une vibration, un état qui va et vient comme un solo de guitare bien envoyé.
T’as déjà remarqué comme les meilleurs moments de ta vie, ce ne sont jamais ceux que t’avais prévus ? T’as beau tout organiser, tracer des plans sur la comète, c’est toujours le truc imprévu qui te met une claque. Ce concert que t’as failli louper et qui t’a retourné le cerveau, ce baiser volé dans une ruelle, ce verre qui devait être le dernier et qui t’a emmené jusqu’au lever du soleil.
Et si le bonheur, c’était juste elle (ou lui) ?
Parce qu’à la fin, y’a bien un truc qui surpasse tout. Plus fort que les réseaux, plus fort que la quête de sens, plus fort que toutes les conneries de développement personnel. Le bonheur, c’est peut-être juste cette personne qui te fait vibrer. Celle qui débarque dans ta vie et fout tout en l’air, mais dans le bon sens.
C’est cette main qui attrape la tienne sans prévenir. Ce regard qui te coupe le souffle. Cette voix qui te calme quand tout part en vrille. C’est cette présence qui change tout, même quand elle ne dit rien.
Parce que le bonheur, ce n’est pas un plan de carrière, ce n’est pas un algorithme à optimiser. C’est quelqu’un qui te fait sentir vivant. Quelqu’un qui te fait oublier l’heure, les obligations, le reste du monde.
Tu veux du bonheur ? Oublie les cases à cocher, oublie les objectifs à atteindre. Éteins ton téléphone, mets tes pompes, sors de chez toi et vis. Fais des conneries. Prends des risques. Va voir un concert sans savoir qui joue. Rentre tard. Embrasse-la. Embrasse-le. Ose.
Parce qu’à la fin, c’est ça qui compte. Pas les likes, pas le CV, pas la maison parfaite. Juste ce que tu ressens. Juste cette musique qui te transporte.
Balance un bon vieux "Gimme Shelter" des Rolling Stones, un "Voodoo Child" de Jimi Hendrix ou un "Born to Be Wild" de Steppenwolf, et fonce. Le bonheur n’attend pas.
