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L’enfance en voie de disparition : faut-il vraiment flinguer l’insouciance des gamins ?

  • Photo du rédacteur: MAO.
    MAO.
  • 27 févr.
  • 3 min de lecture

Il y a quelques décennies, l’angoisse principale d’un gamin, c’était de savoir s’il allait retrouver sa bille préférée à la récré ou si son vélo passerait la bosse du terrain vague sans exploser. On vivait dans une époque où l’oxygène de l’enfance n’était pas encore saturé de slogans catastrophistes. L’Amazonie brûlait déjà, les océans n’étaient pas plus propres, et la couche d’ozone en prenait plein la tronche, mais personne ne nous regardait droit dans les yeux à 8 ans en nous expliquant qu’on était la dernière génération avant l’apocalypse.



Aujourd’hui, l’enfance en voie de disparition, c’est du concret. Les gosses sont sensibilisés à tout. Trop ? On leur parle climat, racisme, inégalités, genre, consentement, écologie, effondrement économique… Une sorte de programme éducatif en mode "Bienvenue dans le monde réel, petit !", avec option anxiété généralisée et réveils en sueur à 12 ans parce que l’ours polaire du documentaire d’hier soir n’a pas survécu à la fonte des glaces.

L’insouciance : un luxe vintage ?

Il y a 30 ou 40 ans, on ne demandait pas aux mômes de porter la misère du monde sur leurs petites épaules. Ce n’était pas parce que les adultes étaient des inconscients, c’était juste que l’enfance était un sas dépressurisé. Un endroit où l’on pouvait encore s’inventer des mondes avant d’être catapulté dans la réalité. On ne nous briefait pas sur l’impact carbone de notre sandwich au jambon ni sur le caractère problématique du dessin animé qu’on regardait en boucle. Résultat : on grandissait, et une fois adulte, on devenait quand même capable de faire la part des choses et de se positionner sur le monde.

Aujourd’hui, l’enfance en voie de disparition se manifeste par des gamins qui absorbent la société en direct. Ils sont briefés dès la maternelle sur des concepts qui, il y a peu, ne devenaient préoccupants qu’à l’âge adulte. C’est noble dans l’intention, mais brutal dans l’exécution. Comment demander à un enfant de 10 ans de "prendre conscience" de la crise climatique quand il galère déjà à comprendre la division à trois chiffres ? Comment lui parler des injustices du monde quand son seul pouvoir d’action réside dans un coloriage à la craie sur le trottoir de son école ?

On leur fout la pression et en plus, on les gave d’écrans

Le problème, ce n’est pas d’expliquer aux enfants que le monde est imparfait. Le problème, c’est de les transformer en adultes miniatures, avec un agenda militant avant même d’avoir une carte d’identité. Des gosses qui, au lieu de rêver de devenir astronautes ou rockstars, développent déjà des angoisses existentielles et un cynisme précoce. À force de leur marteler qu’ils doivent "sauver la planète", on les met face à un paradoxe cruel : on leur refile la mission, mais sans leur donner les moyens de la remplir.

Et comme si ça ne suffisait pas, on leur colle un smartphone entre les mains dès la primaire. On leur achète des tablettes, des jeux vidéo ultra-réalistes, on les plonge dans un flux d’informations permanent où TikTok leur balance les pires images du monde en 30 secondes chrono. Et après, on s’étonne qu’ils stressent ? On leur interdit l’insouciance, mais on les gave de dopamine numérique et de contenus pas toujours adaptés. On leur impose un regard adulte sur le monde tout en leur fournissant les distractions les plus addictives qui soient. Ce n’est pas forcément ce qu’on peut appeler un choix très cohérent.

Alors, l’enfance en voie de disparition?

Peut-être qu’il est temps de réhabiliter un peu de cette insouciance disparue. De redonner aux enfants le droit d’être des enfants. De leur laisser le temps de construire une bulle où tout n’est pas urgence, combat et cause à défendre. Parce que si chaque génération doit forcément porter une part du monde sur son dos, il n’est pas interdit d’attendre qu’elle ait les épaules assez larges pour ça.

En 2025, l’enfance en voie de disparition, c’est une réalité. Mais peut-être qu’il est encore temps de ralentir le tempo. Parce que, franchement, on en connaît tous, des adultes qui ont grandi insouciants et qui sont devenus des gens bien. Preuve qu’on peut grandir en ayant eu le droit d’être gosse.

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